mardi 31 juillet 2012

Montagnes Kirgizhs

Lac de Song Kul

Premier haut col (3400 mètres d'altitude) passé difficilement, mais pousser les vélos sur ce petit chemin en pente raide valait le coup : le plateau est splendide, un grand lac en son centre, entouré de yourtes et de montagnes. On y trouve ce calme qu'on aime tant, des enfants plutôt sympathiques et leurs parents qui ne s'intéressent plus à nous lorsqu'on leur refuse "l’invitation" à dormir et manger chez eux. Le lieu est, depuis quelques années, un des points forts du tourisme Kirghiz et les yourtes se sont transformées en chambres d'hôtes.










La route maudite

La route des jours suivants nous a épuisés petit à petit. A la froide grêle des hauteurs succède la grosse chaleur de la steppe, la route est impraticable (sable et grosse épaisseur de graviers) et rouler hors-piste nous a coûté notre PREMIER pneu crevé du voyage (on ne peut que vanter les mérites de cette fameuse marque de pneus).







A faire les malins hors piste ....
... voilà ce que l'on récolte !
Ajouter à ça les intenses nuages de poussières à chaque passage de véhicule, le manque d'eau potable, la maladie gastrique qui va avec, le paysage et les habitants pas très accueillants, l'ordinateur qui a lâché à cause des secousses, et vous pouvez avoir une idée de l'état passé de notre moral !
Avec un anti-record de 17km à pousser les vélos toute la journée, il nous a fallu sauter dans plusieurs véhicules afin d'être certains de passer la frontière avant l’expiration de notre visa. Et passer quelques cols en voiture nous aura fait gagner plus d'une semaine de galère.

Camion paysan allant faucher son foin


Vue des hauteurs

La dernière descente de col fut des plus étonnantes : l'orage de quelques heures plus tôt avait fait glisser certaines parties de l'étroite route dans le ravin, et il nous a fallu attendre que le tractopelle ait difficilement essayé de rebâtir un frileux chemin pour s’y faufiler. Un peu plus bas, c'est l'orage en cours qui est en train d'emporter la route avec lui : nous roulons dans la rivière et il nous faut aplanir la route sous la tempête en bougeant les cailloux afin de se frayer un chemin stable. Cinq heures de route pour 100km. Le chauffeur n'est pas fier, et c'est un miracle que la voiture et ses passagers soient restés sains et saufs.

Haut plateau

Juste remis de nos émotions, nous partons pour la frontière que nous devons atteindre en quelques jours. Les raccourcis ne nous réussissent pas, et la route que nous prenons n'est en partie plus accessible aux voitures. Il nous faut porter les vélos à deux sur plusieurs passages, mais l'isolement a ses avantages: ni klaxons, ni dangers, et de belles rencontres, comme Andreï, et Zarina, lui Russe, elle Irakienne, apiculteurs saisonniers, qui nous invitent à manger dans leur cabane.



Pause thé

Plus loin, nous rattrapons la belle route toute neuve sur laquelle on croise presque autant de cyclistes que de voitures, allant ou revenant du Tadjikistan pour la plupart. Aux pieds du dernier col, un jeune cavalier fait un bout de chemin avec nous, et me propose un troc : mon vélo contre son cheval. Volontiers ! Il est ravi de pédaler, et moi d'être portée sur quelques kilomètres avant la nuit tombée. On dormira dans son campement où vivent quatre générations confondues. La nuit tombée, on mange dans l'obscurité de la yourte construite par la grand-mère. Instants magiques.

Vélo contre cheval

Le lendemain matin, le col a 3600mètres nous attend. Les travailleurs chinois qui construisent la route nous encouragent, et parfois me poussent en courant pour "m'aider" et surtout faire rigoler les copains.




Le col !
Route du col
Sary-Tash, vue sur le Pamir et ses pics à plus de 7000mètres

Un mot concernant les enfants Ils sont d'habitude drôles et curieux, et nous saluent, nous suivent ou nous observent. Au kirghistan, ils sont durs, essaient de nous dérober nos biens sur les vélos, s'accrochent à nos montures ou nous poussent. Bref, de vrais dangers. Et comme c'est l'été, ils sont partout: devant la tente à notre réveil, autour de nous lorsqu'on fait une pause, ils nous barrent le chemin à vélo en pleine montée,... Et ils n'ont qu'un mot aux lèvres: "Touristes ! Bye bye !"

Frontières chinoises

"Vous êtes arrivés trop tard" nous dit le contrôleur des passeports. "Il vous faut attendre demain". Il est 16h pourtant, et la frontière ne ferme qu'à 20h. Mais ce serait trop simple ! Nous sommes à l'ancienne frontière, et la nouvelle, celle qui tamponne le passeport et vérifie les bagages, est à 170km de là, de l'autre côté des montagnes. Non autorisés à rouler jusqu'à là-bas, il nous faut prendre un camion, mais la route est tellement mauvaise que nous arriverions trop tard. Sans oublier que les administrations fonctionnent avec l'heure de Pékin, soit deux heures de plus que l'heure locale. Bref, nous devons dormir ici, et le parterre de fleurs entre les camions est le seul endroit où nos sardines peuvent s'enfoncer. C'est une ville fantôme, bâtiments en ruine et volets qui claquent, où vivent entre les détritus quelques militaires, leur famille, et les camionneurs de passage. Drôle de premier jour en Chine, à regarder les soldats marcher au pas, se mettre en ligne et au garde à vous, rituel de fin et début de journée ; le jeunot qui court tout le temps et le chef qui crie sans raison.
Le lendemain matin, c'est la crise: ils veulent mettre les vélos dans un camion vide, sans rien pour les sangler. Casse assurée. Le deuxième semi-remorque a un minuscule trou par lequel on passe les cordes sans trop y croire. Ils cherchent à se débarrasser de nous au plus vite. La route s'avère être en construction, c'est à dire quasi inexistante. On finira par arriver à la frontière officielle juste avant la fermeture, soit plus de trente heures après notre sortie du Kirghizstan. Les vélos n'ont rien mais sont intégralement recouverts d'une épaisse poussière. Nous aussi d'ailleurs.

Wuqia, bienvenus en Chine !

Première ville derrière la frontière. Une ville de legos géants. Du plastique, du neuf, d'immenses écrans partout. Big brother. La circulation est au ralentie, et les scooters électriques la rendent silencieuse. Drôle de sensation. On doit être en excès de vitesse : on double même les voitures. On ne peut plus contrasté avec le Kirghizstan, pays des chauffards, des permis pas chers et des enfants au volant, où le vélo est un jouet et n'a rien à faire sur la route.
On se fait inviter à manger dans une petite boutique. Enfin ! Des nouilles ! Des sauces ! Du goût ! Des fruits, des légumes ! Fini la graisse de mouton et le lait de jument fermenté. En Asie centrale, population anciennement nomade, l'alimentation tourne autour de la viande et des produits laitiers, dont nous avons fini par sérieusement nous lasser.
La nuit tombée, nous sommes invités à dormir dans le garage. Seulement, il leur est interdit d'accueillir des étrangers, et la police semble vraiment les effrayer. On se cache à chaque voiture suspecte, et partons à l'aube de cet étrange endroit pour rejoindre Kashgar, ville la plus proche, pour nous reposer. On en a bien besoin.

1 commentaire:

  1. quel courage! Espérons pour vous des jours meilleurs.
    Si vous allez jusqu'à Pékin, j'ai une bonne adresse pour vous.
    Les photos sont toujours aussi magiques.
    Isabelle de Voillans

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