lundi 11 juin 2012

Baku ou la folie des grandeurs

Baku


Approchants de Bakou, les cimenteries et centres de stockage de pétrole se mêlent aux habitations. D’énormes complexes hôteliers de luxe font également leur apparition sur le front de mer, comprenant piscine, port privé pour yacht, palmiers et murs de quatre mètres de haut. Ils sont encore en construction, et ça bosse dur sous le soleil de plomb. Le plus mégalo d’entre tous ces projets : Kazhar Island, qui a pour objectif de concurrencer Dubaï sur la hauteur des buildings, la modernité, la conquête de nouvelles terres sur la mer, ... Bon, pour l’instant il n’y a que les palmiers plantés, qui d’ailleurs n’ont pas bonne mine.

Ca pompe pas loin du centre ville !
Tarte à la figue
Arrivés a Baku, nous sommes accueillis par Tural, ingénieur azeri, juste marié avec Natasha, biélorusse. Ils vivent également avec son frère et sa mère dans leur appartement au rez de chaussé, qui a pour grand avantage de posséder une cour intérieure, lieu dans lequel on passe la plupart de notre temps à cuisiner, jouer au backgammon, papoter et boire du thé. La maison n’est jamais vide: oncle, tante, cousin, cousine, toute la famille nous tient compagnie durant la semaine. 
Soupe froide au lait fermenté et aux herbes

Et encore une soupe
Eurovision


Notre arrivée a Baku coïncide avec l’Eurovision, événement international dont nous avions vaguement entendu parler en France, mais qui, depuis la Turquie, fait partie de la culture populaire. On entend le mot «Eurovision» plus de dix fois par jours depuis notre arrivée en Azerbaïdjan, la plupart du temps pour nous demander s’il s’agit de notre destination finale.
L’accueil de la compétition est pour eux une aubaine, celle de faire connaître leur pays a l’étranger et de l’ouvrir au tourisme. Pour l’occasion, le président a vu grand : construction d’une énorme salle de concert en bord de mer, le Christal Hall. Toute une partie de la ville a été rénovée, un quartier entier a été rasé, en ayant préalablement exproprié sans ménagement et à faible compensation les habitants,  pour laisser place à une large route qui mène aux concerts.
La femme du président dirige l’événement et le gendre, chanteur de pop, fait les interlude musicaux. Autant dire que démocratie n’est pas le mot d’ordre en Azerbaïdjan. Les photos géantes des présidents père (décédé) et fils (actuellement en poste) nous en avait donné un avant-goût.
Les associations et ONG de défenses des droits de l’homme ont beau faire des pieds et des mains pour être entendus, les médias n’ont pas l’air de beaucoup s’en préoccuper et les arrestations sont violentes.
Concernant l’ambiance, elle nous évoque celle d’un grand match de foot. La ville est bondée, et les petits groupes de fans crient leur noms de pays, drapeaux en mains.
Le soir, devant l’écran géant retransmettant l’événement en direct sur le boulevard, la foule a huée la chanson française du début à la fin. Histoire politique, toujours la même rengaine (les amis de nos ennemis sont nos ennemis).


Cargo !


Nous avons déménagés de chez Tural pour être logés dans un appartement vide dans le centre. Deniz, turc expatrié, nous donne les clés. Seulement, nos nuits ne furent pas des plus tranquilles : la salle de bain fait des siennes, l’eau remonte, nous inonde, et ça coule chez les voisins du dessous qui nous réveillent pour que l’on coupe l’eau (ce qui était déjà fait) et que l’on évacue les cinq centimètres de pataugeoire. On a donc passé du temps, gobelets à la main, à remplir des bassines.  Cependant, les soucis persistants, le propriétaire est mis au courant, puis la compagnie louant pour la moitié le lieu, qui  nous indique que nous ne sommes pas les bienvenus, même si le locataire nous laisse ses clés.
Ça tombe bien, on a un bateau le soir même !

D’abord censé être a 15h, nous sommes convoqués a 18h pour embarquer a 22h et partir a minuit.

Départ de Baku




Le fameux Crystal Hall



On a une cabine pour tous les deux, avec hublot, une petite salle de bain, tu temps pour dormir et se balader comme bon nous semble sur cette immense machine de 128 mètres de long. Cet ancien ferry allemand a gardé les traces de son passé : salle de casino, restaurant, écriteaux en allemand, ...
L’énigme de la traversée : comment ont-ils fait pour transporter ce mastodonte d’Allemagne jusqu’ici ? On vous laisse méditer sur la réponse (que le capitaine nous a finalement donnée).
Nous ne sommes que quatre touristes a bord : Pierre et Olivier, cyclistes français, Simon et moi, plus 2 géorgiens et 4 azeris, une bonne trentaine de membres d’équipage, et 30 wagons de marchandise. Nous avons eu droit en exclusivité a un dvd du concert de Lara Fabian, projeté au bar par le «docteur» du bateau, amoureux de la France, de sa langue et de sa culture. Ca nous faisait bien rire, mais on a fini par s’échapper (c’est long, un concert de Lara Fabian !).
Simon le marin


Arrivés a Aktau, le bateau reste en mer le temps qu’une place se libère sur le port, ce qui nous laisse le temps d’admirer le coucher de soleil à l’Ouest, le levée de pleine lune a l’Est, et les lumières de la ville en face.
Débarquement, douane, contrôle des bagages, nous sortons vers deux heures du matin, et dormons a la belle étoile entre la route et la voie ferrée près du port.





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